Colloques avec les élèves



 

Le pari entrepreneurial


Rencontre avec les Jeunes



Le pari entrepreneurial



Le pouvoir que l’on détient d’un autre n’est pas un vrai pouvoir. C’est en fait, une servitude.

Pourquoi choisir d’Entreprendre ?

Le passage de la vie scolaire à la vie professionnelle est un changement de statut. 
On était encadré, guidé, pris en charge plus ou moins complètement par les autres. 
La vie professionnelle était dans un futur.
Le moment vient où ce statut change. Il s’inverse. On va devoir s’assumer, être responsable d’autres. On va devoir travailler et gagner sa vie. Parce que l’ancien statut était sécurisant, la première idée est de rechercher un employeur, plutôt que d’envisager d’être son propre employeur. Est-ce vraiment le meilleur choix ? 
Qu’en est-il exactement de la sécurisation à terme et de l’évolution de carrière, des gains espérés, et surtout du plaisir de vivre dans son travail ! Et d’abord, qu’est-ce que le monde réel offre vraiment ?
Pour mener sa réflexion, il faut d’abord prendre en compte que le monde ne vous doit rien. Il faut y entrer avec un esprit pragmatique et volontariste. L’état providence l’est et le sera de moins en moins. La mondialisation en marche oblige à se projeter hors de ses frontières, locales et nationales ; il faut réagir de plus en plus vite, être sans cesse prêt au changement. En fait, ce n’est pas négatif, bien au contraire, cela rend plus libre de ses choix car on évite ainsi des modèles de carrière en quelque sorte imposés et figés dont on ne maîtrise pas la conduite !

Comparons rapidement les avantages et inconvénients prévisibles des deux choix : employé ou entrepreneur.

1 - Réversibilité des premiers choix

Les premiers choix n’engagent pas irrévocablement en général. Ce qui est essentiel est d’essayer de faire des premières expériences qui doivent permettre de mieux analyser et se rendre compte de ce qu’on pourrait faire pour exploiter ses propres qualités et compétences.

C’est l’occasion de constater que dans un cas comme dans l’autre (employé ou entrepreneur) on est fournisseur : fournisseur de travail pour le client employeur ou fournisseur de produits-travail pour les clients de son entreprise.

Il n’y a pas de raison d’avoir peur, d’autant que le plus souvent, on n’a pas encore de responsabilité familiale lourde sauf cas particuliers.

Surtout, la difficulté de trouver un premier emploi mène plus naturellement à tester un entrepreunariat.

2 – Stabilité de l’emploi

Il est de moins en moins probable d’être assuré de son emploi à vie quelque soit l’employeur. Il faut s’attendre à devoir changer à n’importe quel moment. On n’a pas de maîtrise de son avenir de ce point de vue.

Comparativement, la probabilité d’avenir dans l’entreprise personnelle qui ne dépend que de soi est plus grande. On peut projeter son évolution dans l’avenir plus sûrement.

3 – L’espérance de réussite professionnelle

La réussite dépend d’abord de son travail, que l’on soit « employé » ou entrepreneur, tout au moins sur l’instant dans le premier cas. Il y a toujours une compétition de toute façon.

Cependant, l’espérance de réussite, à terme, de bénéfice des résultats de son travail est limitée pour un employé qui ne peut pas – ou peu - agir en général sur les options ni la stratégie au long cours, de son employeur. L’employé ne peut que mener au mieux les missions qui lui sont confiées. Si l’employeur stagne ou succombe, qu’attendre en termes de réussite professionnelle, sauf opportunité ?

Au contraire, l’entrepreneur bénéficie pleinement de la réussite de son travail. 
Cette réussite dépend toujours de la stratégie adoptée, de l’adaptabilité aux changements conjoncturels.

4 – Les faux-pas professionnels. Les nouvelles chances

Quelques que soient ses qualités, le sérieux de son travail, il peut toujours arriver qu’à un certain moment, on soit moins bon, que l’on fasse un faux-pas. Alors les conséquences sur la réussite professionnelle peuvent être radicalement différentes, 
suivant que l’on est employé ou entrepreneur.

Quand on est employé, cela peut mener à une disgrâce car on est jugé par une ou peu de personnes à qui on pose alors un problème pratique, et qui doivent à leur tour en assumer les conséquences. Il y a un risque de rupture, voire même 
d’irréversibilité. Pour l’employé, il est très difficile de retrouver ses moyens dans ce type de contexte. Changer et retrouver un autre emploi n’est pas alors une mince affaire. L’employé n’a pas vraiment une nouvelle chance, tout au moins au même 
niveau d’intérêt professionnel.

Quand on est entrepreneur, on va pouvoir gérer au mieux les conséquences d’un faux-pas. On a toute chance de s’en sortir, plus fort dès lors qu’on a bien pris conscience de la nature du faux-pas. On peut avoir perdu un ou des clients mais le challenge reste de même nature.

5 – L’âge, la formation continue, la reconversion

L’âge est un paramètre inéluctable, tout au long de la vie professionnelle de l’employé. Quelque soit le niveau hiérarchique atteint, le risque d’être classé « has been » est réel.

C’est complètement différent pour l’entrepreneur. La clientèle ne s’intéresse qu’à ses prestations ou ses produits. L’entrepreneur a toute liberté de diriger, voire même d’entreprendre quelque soit son âge, sous seule condition de santé. Libre à lui d’exister alors autant qu’il le veut.

Jean Paul PERIN


 

Rencontre avec les Jeunes



En relation étroite avec Monsieur Patrick CARBONNIER, Proviseur, une réunion informelle s’est tenue dans la salle des conseils du lycée en présence de 15 membres du groupe « cordée de réussite », issus de la classe de première. 

Cette réunion interactive a permis au jeune ancien du lycée, Lambert CREUXLEBOIS d’exposer son parcours d’étudiant et les différentes étapes diversifiées qu’il a dû franchir, avant de trouver une voie qui lui convenait à Paris Dauphine.

La problématique du parcours de Lambert CREUXLEBOIS a été commentée par Jean Paul PERIN dont l’expérience de chef d’entreprise a suscité un certain nombre d’interrogations. Les élèves présents ont souligné l’intérêt de la finalité et du sens 
des choix, compte tenu des difficultés rencontrées actuellement dans le monde du travail.


Il s’agissait en réalité d’une session test qui devrait aboutir à de nouvelles rencontres de ce type l’année prochaine, grâce notamment à l’aide d’autres anciens élèves, amis de Lambert CREUXLEBOIS, mais évoluant dans des domaines de formations différentes. 

André MONROCHE
Pt de l’Ass. des Anc. du Lycée


Suite à cette réunion, Lambert CREUXLEBOIS résume ci-dessous son intervention du mardi 19 avril au lycée Duplessis-Mornay : 

                               
« Si je suis venu, sur l’invitation de l’Association des Anciens, m’entretenir avec des élèves de première du lycée, c’est avant tout parce qu’il y a quelques années, quand j’étais à leur place et que je n’apercevais que vaguement ce que je souhaitais faire une fois le lycée achevé, je crois que j’aurais aimé écouter de jeunes anciens raconter leur parcours et les perspectives qui s’ouvrent dans l’après lycée. L’important n’est pas tant, à mon sens, de leur dresser une liste exhaustive des formations, parcours, diplômes et écoles auxquels ils peuvent prétendre. L’essentiel, c’est je crois de leur faire apercevoir la richesse de la vie étudiante, qui ne se résume pas à des cours en amphithéâtre et des examens deux fois par an : cette richesse, c’est celle d’une vie d’apprentissage en tous genres, d’expériences, d’engagements associatifs, entrepreneuriaux, de rencontres, de 
découvertes, de surgissement de nouveaux intérêts et de nouvelles passions. A 17 ans, si ma personnalité m’inclinait vers un certain type d’études – plutôt littéraires -, je n’avais pas idée de toutes les perspectives et de toutes les possibilités que 
pouvaient offrir les années étudiantes. 

J’ai voulu, aussi, signifier à ces jeunes lycéens, futurs étudiants, qu’au carcan un peu frustrant du lycée allait se substituer un espace de très grande liberté. On n’est pas sans savoir bien sûr que cet espace est propice au meilleur comme au pire. 
Mais je crois qu’il est tout de même rassurant, pour eux, de leur dire et de leur répéter non seulement que rien ne les empêchera, en cours de route, de changer de domaine d’études, de se réorienter, de consacrer leur énergie à des projets 
associatifs ou entrepreneuriaux auxquels ils croient, mais aussi que, de toute manière, aucun parcours n’est tout à fait linéaire. Et heureusement. Ainsi ne faut-il pas avoir peur de cette liberté : elle constitue la possibilité d’aventures enthousiasmantes, de créations, d’engagements. Si les lycéens doivent savoir une chose, c’est qu’ils auront la possibilité d’être audacieux. 

Enfin, car leurs angoisses, naturellement – et c’est tant mieux - ont pointé à la fin de mon entretien avec eux, j’invite tous 
les anciens, quel que soit leur âge, leur parcours, leur métier, à rassurer ces jeunes lycéens sur le monde du travail, le chômage des jeunes, et sur toutes ces informations qui saturent l’espace média–tique et politique. Le chômage des jeunes est avant tout celui des peu ou pas qualifiés, et il faut le répéter. J’ajouterai encore une dernière chose : il est utile, si l’on veut transmettre de manière bénéfique et positive nos expériences aux lycéens d’aujourd’hui, de mettre en exergue qu’aucune façon de concevoir l’avenir et qu’aucun but particulier ne doivent s’imposer à eux de l’extérieur : l’on peut choisir de consacrer sa vie à lire des livres, voyager, jouer de la musique ; l’on peut ne pas vouloir devenir entrepreneur, ne pas faire fortune, ne pas réussir les « concours » des « grandes écoles », celles qui inscrivent jusque dans leur nom ce terme effrayant car séduisant de « 
supérieur ». On a toujours la liberté de préférer réinventer l’interprétation de Bach ou d’écrire un roman à la création d’une entreprise. Et cette liberté-là, cette émancipation des carcans classiques et souvent pernicieux largement véhiculés par les institutions elles-mêmes, on l’obtient, justement, à travers les études qui sont dès lors davantage libération qu’accumulation d’un savoir particulier. 

Je remercie vivement l’Association des Anciens du Lycée Duplessis Mornay pour son invitation et son action auprès des Lycéens. Merci à son Président, Monsieur André Monroche, et à Monsieur Jean-Paul Perin, tous deux présents lors de mon intervention, pour la fraîcheur et la jeunesse de leur pensée et de leur manière de transmettre leur expérience. Merci, enfin, à Monsieur Carbonnier, Proviseur du Lycée, pour son indéniable très grande ouverture d’esprit. » 

Lambert CREUXLEBOIS